Il est des maisons où l’on entre et où, presque immédiatement, les épaules se détendent, le souffle devient plus profond. Un sentiment de bien-être, doux et apaisant, nous enveloppe comme une couverture tissée de sérénité. À l’inverse, certains foyers, pourtant beaux et ordonnés, peuvent laisser sourdre une forme de lourdeur, une tension presque imperceptible qui pèse sur le cœur.
Cette perception de « l’ambiance » d’un lieu n’est pas une simple subjectivité. Elle est le signe que nous sommes des êtres unifiés, bien plus qu’un simple corps et un cerveau ; nous sommes esprit, âme et corps, ouverts à l’invisible. Et en tant que tels, nous percevons, consciemment ou non, la réalité spirituelle qui imprègne les lieux que nous habitons.
Je me suis donc interrogée : est-ce une sensibilité que l’on retrouve dans les Écritures ? Les Ecritures ne parlent pas d’« ambiance » en termes modernes, mais elles évoquent avec une grande finesse les notions de paix (shalom), de présence, de territoire et d’atmosphère spirituelle. Le psalmiste, par exemple, perçoit la présence de IHWH-Adonaï dans son lieu de vie : « Chez toi, habite la douceur » (Psaume 65:5). Le « shalom », cette paix parfaite et complète qui vient de Yeshua, n’est pas seulement un sentiment intérieur ; il peut aussi bénir un environnement, le charger de Sa grâce. Proverbes 3:33 le confirme : « La malédiction de IHVH-Adonaï est dans la maison du méchant, mais il bénit l’oasis des justes. » Il y a ici l’idée précieuse et tangible d’une influence spirituelle qui habite un lieu.
La question des anges est ici centrale, et je crois qu’elle doit être abordée avec une grande douceur et une prudence scripturaire[1] pour éviter toute confusion. Ils sont l décrits comme des messagers serviteurs : « Bénissez IHVH-Adonaï, vous, ses messagers, héros de la force, faiseurs de sa parole, pour entendre la voix de sa parole ! » (Psaume 103:20). Ils ne sont pas des forces impersonnelles ou des énergies à canaliser, comme le propose parfois une spiritualité flottante, mais des créatures servantes de Dieu, dont la présence est liée à l’accomplissement de Sa volonté. Le célèbre Psaume 91 évoque avec tendresse la protection qu’ils apportent : « Car il ordonne à ses messagers de te garder en toutes tes routes. » (Psaume 91:11). Leur apparence, lorsqu’elle est décrite (comme dans Matthieu 28:3 ou l’Apocalypse), est souvent liée à une lumière éclatante et une pureté reflétant la sainteté divine, mais leur rôle n’est jamais d’être invoqués ou contemplés, mais d’obéir à Dieu.
Lorsque nous consacrons notre maison à Dieu par la prière, la louange et une vie volontairement alignée ce que nous dit Yeshua dans la Bible, nous en faisons un territoire revendiqué pour Son Royaume. Cela ne crée pas une « bulle magique » imperméable, mais établit une norme, une atmosphère de référence qui est celle de la présence divine. Les anges, servants de cette présence, y évoluent alors pour accomplir leur service. Je crois qu’il est profondément important de le redire : nous ne les convoquons pas ; nous adorons Dieu le Père en esprit et en vérité, et c’est Lui qui les envoie. Nous ne prions pas les anges, nous prions exclusivement Dieu notre Père – et c’est Lui qui peut commander à Ses messagers de veiller sur nos lieux de vie.
Alors, comment participer à « alléger » l’atmosphère de nos maisons ? La réponse est toute simple, et pourtant elle engage toute notre vie : nous ne nous adressons qu’à IHWH-Adonaï. Tout est là. J’échangeais récemment avec une amie, et nous nous rappelions combien la prière sincère et les actions de grâce, comme styles de vie, changent toute chose. Lors de nos prières, nous Lui demandons de purifier, de sanctifier et de garder notre maison. Nous prions pour les vivants qui y habitent et y entrent. Les Ecritures sont très claires : ne cherchons pas à communiquer avec les morts (Deutéronome 18:10-12), laissons les morts avec les morts.
Chanter des cantiques, écouter une musique qui exalte Dieu change littéralement l’air que l’on respire. Proclamer les Ecritures à voix haute, lire un psaume dans une pièce, c’est imprégner les murs de la vérité, comme une fragrance spirituelle. Vivre en paix et pardonner véritablement est fondamental : une maison où l’on vit le pardon, la grâce et l’amour fraternel devient naturellement un lieu où l’Esprit de Dieu répand Son paix.
Et s’il arrive qu’un sentiment d’oppression persiste malgré tout, surtout n’affrontons pas les démons comme s’il s’agissait d’un jeu car ce n’en est pas un. C’est une réalité spirituelle sérieuse qui doit être traitée avec autorité, mais aussi avec une grande humilité et sagesse.
Lorsqu’un invité me dit, comme en confidence : « Chez toi, je ne sais pas pourquoi, mais je me sens en paix », je perçois cela comme le plus beau des compliments. Ce n’est pas moi qui crée cette paix, mais Celui qui habite invisiblement les lieux où Il est invité. Cette douceur ambiante n’est pas ni personnelle ; elle est le fruit silencieux d’une vie simplement tournée vers Dieu.
Comme il est bon de savoir que ma maison, que ta maison, que nos maisons peuvent ainsi devenir des oasis discrètes où Sa grâce est palpable, pour notre bien et pour la bénédiction de tous ceux qui y entrent. Amen.
[1] Une attention particulière au principe de sola scriptura (Les Ecritures seules) car le sujet des anges est propice à beaucoup de commentaires, et que les humains sont très appétents à ce thème.
