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Ce matin, je me suis réveillée avec une soif. Alors j’ai ouverte la Bible, ce livre qui a usé les doigts de tant de gens assoiffés avant moi. Je suis tombée sur ces mots, dans la version si vivante d’André Chouraqui : « Oui, tous ont fauté et n’atteignent pas la gloire d’Elohîms » (Romains 3:23).

La phrase m’a frappée en plein cœur, une fois encore. C’est un constat sans appel, posé sur l’humanité entière, sur moi, sur vous. Nous n’« atteignons » pas. Nous sommes en-deçà. Nous manquons la cible. Le mot est fort. Il dessine notre condition commune : une soif qui persiste parce que la source nous échappe.

Et c’est là, dans cet instant où l’on se sent nu et perdu, que la phrase suivante arrive, comme une onde de choc :

« Ils sont gratuitement rendus justes par sa grâce » (Romains 3:24).

Gratuitement.

Je me suis arrêtée sur ce mot. Dôrean, en grec. Il résonne comme un don absolu, sans raison, sans contrepartie. Comme lorsque quelqu’un vous offre un cadeau magnifique, et que vous demandez « pourquoi ? », et que la seule réponse est : « parce que je t’aime ». Il n’y a rien à payer. Rien à mériter. On ne négocie pas avec un don. On le reçoit, les mains ouvertes, le cœur nu.

Mais comment est-ce possible ? Comment ce qui a une valeur infinie, être rendu juste devant Dieu, peut-il nous être offert pour rien ?

La réponse est juste à côté, dans la suite du verset : « par la rédemption qui est dans le messie Iéshoua ».

Woaw ! La rédemption[1]. Un mot lourd de sens, qui porte en lui à la fois une immense détresse et une délivrance absolue. Il vient du marché aux esclaves où l’on pouvait acheter la liberté d’un prisonnier en payant sa rançon. C’est exactement cela : quelqu’un a payé le prix fort pour nous libérer. Mais il n’est plus sur la croix, ni dans le tombeau ; Il est ressuscité, vivant, et retourné auprès du Père au ciel. La croix n’est pas une fin en soi, mais le passage obligé qui mène à la résurrection et à la vie. Son sacrifice fut unique et parfait, achevé pour l’éternité.

Et là, tout s’éclaire.

La gratuité pour nous a un prix pour Lui.

La grâce n’est pas un « ça ne coûte rien » qui signifierait « ça n’a pas de valeur ». C’est tout l’inverse. C’est parce que cela a une valeur inestimable que nous ne pouvions pas la payer. Alors, Ieshua l’a payée à notre place. De sa vie. De son sang. De son amour jusqu’à l’extrême.

C’est cela, l’amour du Père (Elyon) révélé par le Fils. Ce n’est pas un amour vague, éthéré, qui fermerait les yeux sur nos manquements. C’est un amour qui les voit en face, et qui, au lieu de nous écraser, choisit de se mettre en travers, de prendre le coup à notre place. « Elohîms montre son amour pour nous : alors que nous étions encore des fautifs, le messie est mort pour nous » (Romains 5:8).

Alors, qu’avons-nous à faire ?

Justement, ne pas « faire ». D’abord, arrêter. Cesser de courir pour mériter ce qui est déjà offert. Cesser de croire que nous pourrons un jour étancher seuls cette soif.

Il s’agit de croire. D’avoir foi. « La justice de Dieu par la foi en Iéshoua le messie, pour tous ceux qui croient » (Romains 3:22). Croire, ce n’est pas une œuvre, c’est une confiance active. C’est recevoir le cadeau. « L’œuvre de Dieu, c’est que vous croyiez en celui qu’il a envoyé » (Jean 6:29).

Cette foi, elle s’accompagne toujours d’une prise de conscience et d’une repentance.  N’imaginez pas  une honte ni une culpabilité qui écrasent, mais une tristesse qui nous pousse à nous détourner de ce qui nous emprisonne et à nous tourner vers Lui, les mains vides, pour être remplis de toute Sa plénitude.

Et alors, on reçoit. On entre dans une relation vivante avec notre Père céleste et on choisit de suivre une marche aux côtés de Ieshua et avec son Esprit Saint pour devenir en Christ : « Oui, si tu confesses de ta bouche Iéshoua comme Adôn, si tu adhères dans ton cœur qu’Elohîms l’a réveillé des morts, tu seras sauvé » (Romains 10:9).

Croire que ce don est pour moi. Maintenant. Aujourd’hui.

Ce matin, au réveil, cette grâce m’attendait. Elle nous attend tous, nous les assoiffés, les affamés, ceux qui savent au fond d’eux qu’ils n’« atteignent » pas.

Elle ne demande pas nos efforts, mais notre faim. Elle ne demande pas notre perfection, mais notre soif.

C’est un amour gratuit. C’est un amour qui a payé le prix. C’est l’amour du Père, dessiné en lettres de sang et de lumière sur le bois de la croix par les mains de Ieshua.

« « Viens ! » Qui a soif, vienne. Qui le veut, prenne l’eau de la vie, gratuitement. » (Apocalypse 22:17 )

Il suffit de dire merci.

[1] Du latin redemptio, « rachat », lui-même dérivé de redimere (« racheter »). Dans le contexte biblique, ce terme traduit le grec apolytrōsis  qui signifie « libération » ou « affranchissement » moyennant le paiement d’une rançon (lytron). Il évoque l’idée forte de libération d’un esclavage ou d’une captivité par le paiement d’un prix.