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Vous arrive-t-il de décrocher au bout de quelques lignes ? De sentir votre esprit papillonner avant même d’avoir fini une page ? Si vous avez l’impression que votre capacité de concentration s’est évaporée, vous n’êtes pas seul. Et si ce « vol » de notre attention était bien plus qu’une simple nuisance moderne ?

Il y a quelques années, une étude affirmait que notre temps de concentration moyen était devenu inférieur à celui d’un poisson rouge. Le chiffre (8 secondes, soit moins que les 9 secondes d’un poisson rouge) peut prêter à sourire, mais le phénomène, lui, est profondément inquiétant. Combien d’entre nous ont renoncé à lire un article un peu long, un livre, ou même un passage substantiel d’un texte qui nous tenait à cœur ?

Je rencontre de plus en plus de personnes qui expriment la même frustration : « Je n’arrive plus à me concentrer. » Cette difficulté n’est pas un hasard. Elle est le résultat direct d’un conditionnement de notre cerveau.

Notre addiction au « scrolling », ce défilement incessant sur nos écrans, est la grande coupable. Chaque notification, chaque nouvelle courte, chaque vidéo de quelques secondes active ce que les neuroscientifiques appellent l’attention focale : une concentration brève, intense, mais éphémère, une sorte de sprint mental qui réclame sans cesse de nouvelles stimulations.

À force de solliciter cette attention « sprint », nous avons laissé s’atrophier une autre forme d’attention, plus lente et plus profonde : l’attention flottante, ou ce « vagabondage de l’esprit » indispensable pour se plonger dans un récit, réfléchir profondément à un concept, ou simplement… lire avec intérêt. C’est précisément ce vagabondage qui nous permet d’entrer dans une lecture longue et soutenue.

Je voudrais partager une préoccupation particulière avec mes frères et sœurs en Christ. En troquant la lecture profonde et continue des Écritures contre le « verset du jour », nous avons perdu bien plus que du temps. Notre nourriture spirituelle est la Bible, comment grandir si nous ne pouvons plus nous asseoir pour un vrai « repas » et nous contentons de « snacks » spirituels ? Dit autrement, comment rester connecté(e) à la complexité, à la nuance, à la beauté narrative de la Bible? Nous sommes devenus les victimes consentantes d’une inattention organisée. L’apôtre Pierre nous met en garde : « Soyez sobres, veillez. Votre adversaire, le diable, rôde comme un lion rugissant, cherchant qui il dévorera » (1 Pierre 5:8).

Il est sage de reconnaître une stratégie de diversion. Le but de l’ennemi est remarquablement simple : nous distraire, voler notre temps, l’attention et la disponibilité du cœur nécessaires à la prière et à la méditation. Il rode, il subtilise. Le remède est la prise de conscience et l’action consécutive, à savoir la vigilance, comme nous y invite l’Écriture : « Ne crains rien, mais veille. » (Apocalypse 3:2).

D’ailleurs, combien de personnes j’ai entendu dire : « Dès que j’ouvre ma Bible, j’ai envie de dormir » ? Au-delà de la fatigue légitime, reconnaissons-y aussi un effet de cette inattention diffuse. L’esprit, conditionné au zapping, trouve soudain le calme de la lecture si… ennuyeux. C’est le signe que notre muscle attentionnel a besoin d’une rééducation.

La bonne nouvelle, c’est que notre cerveau est plastique. Nous pouvons rééduquer notre attention. Les spécialistes des neurosciences nous invitent à recréer les conditions du vagabondage mental, essentiel pour la lecture profonde, qu’il s’agisse de la Bible ou de tout autre livre.

Le chemin pour retrouver une lecture profonde est un retour à la lenteur. Il invite à délaisser la quantité pour la qualité : aussi étonnant que cela puisse paraître, notre esprit pour rester attentif à un texte a besoin de temps et aussi de ce « vagabondage » autour du texte, faire des liens, se laisser imprégner, lire et relire, méditer, simplement laisser le temps à notre intelligence plus intuitive, de s’éveiller et aux mots d’accomplir leur œuvre de transformation en nous.

Il s’agit de réapprivoiser le silence en instaurant des pauses sacrées, où les écrans de nos téléphones sont en pause (en mode avion ou dans une autre pièce).

Cette démarche nous rappelle à l’équilibre fondamental de la vie de l’esprit : un triptyque où la vigilance (veiller), la relation (prier) et l’alimentation (lire) se soutiennent. Négliger l’un d’eux, c’est déséquilibrer l’ensemble et réduire la foi à sa seule dimension intellectuelle ou affective.

En ce sens, reprendre le contrôle de notre attention est un acte de résistance essentiel. C’est choisir de ne plus se laisser déposséder du silence, de la profondeur et de la capacité de s’émerveiller. C’est un combat pour notre liberté intérieure, un combat qui, au fond, nous concerne tous.

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