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Tout a commencé alors que je n’avais que six mois. Ma mère, appelée en urgence, au lit de son père, en Algérie, me confie à une cousine. Une erreur humaine, une intoxication alimentaire à cause d’un lait infantile non conforme, et mon petit corps frêle de nourrisson a frôlé la mort. J’ai passé un mois entre la vie et l’ombre, dans un hôpital marseillais, et ces cicatrices à chacune de mes chevilles sont devenues des témoins silencieux de ces perfusions réalisées in extremis. Pendant des décennies, j’ai choisi des chaussettes montantes, des bas opaques, tout ce qui pouvait cacher ces traces d’une survie que je portais comme une honte. Pourquoi moi ? Pourquoi ce corps marqué ? Pourquoi cette fragilité inscrite dans ma chair ?

Et puis l’autre jour, tandis que j’enfilais distraitement une paire de ces chaussettes légères  qui laissent deviner les contours de mes chevilles, une révélation m’a traversée comme une onde de chaleur : et si ces marques n’étaient pas une malédiction, mais la preuve tangible que j’avais été sauvée ?

Ces fines lignes pâles sur ma peau se sont alors transformées sous mes yeux en lettres d’or, en strophes d’un poème d’amour que Dieu m’avait écrit dans la chair.  Et là, sous mes yeux, mes cicatrices sont devenues des zébrures,  des marques vivantes où la lumière joue différemment, striure d’argent sur l’écorce de mon histoire. Elles sont devenues le souvenir en relief d’un instant où la vie a hésité à me quitter.

Les zébrures des arbres racontent les tempêtes traversées. Les miennes racontent comment le lait empoisonné de mon enfance n’a pas eu le dernier mot. Comment Dieu s’est penché sur mon berceau d’hôpital, envoyant peut-être ces anges pour veiller sur moi. Ainsi, ce qui devait me détruire m’a finalement révélée à moi-même : et à présent, je vois d’un tout autre œil, ces zébrures apposées sur  mon corps sont apposés : ce sont les sceaux de la grâce de Dieu!

Ieshoua m’est apparu, à la lumière de cette découverte, le modèle parfait à suivre. Ieshoua, que tu connais peut-être sous le nom de Jésus,  après sa résurrection, lui dont les blessures, sont devenues les preuves les plus bouleversantes de son identité. Quand Thomas, l’un de ses disciples, a douté qu’il soit vraiment vivant, Ieshoua ne lui a pas montré un corps parfait et lisse. Non, il lui a tendu ses mains percées : « Viens, touche mes cicatrices. » Ces marques, autrefois signes de souffrance, sont devenues le sceau de sa victoire sur la mort.

Comprends-tu la profondeur de ce mystère ? Nos cicatrices, qu’elles soient physiques ou celles, plus secrètes, qui zèbrent notre âme, ne sont pas des accidents dont nous devrions rougir. Elles sont les pages d’un livre sacré où se lit l’histoire de notre salut. Chaque trace est un mot d’amour que Dieu nous a laissé, une preuve que nous avons traversé l’épreuve et que nous en sommes sorti.e.s vivant.e.s.

Je t’écris ces mots avec kavana – ce mot hébreu souvent traduit par intention qui signifie bien plus qu’une simple intention. Kavana, c’est la direction du cœur qui donne vie aux mots, c’est cette flamme sacrée qui transforme des lettres en prière, des syllabes en cantiques.

Peut-être aujourd’hui détournes-tu encore le regard quand ton miroir te renvoie ces marques que tu juges indésirables. Peut-être baisses-tu les yeux quand ton cœur ressasse ces souvenirs douloureux qui ont laissé en toi des traces moins visibles mais tout aussi réelles. Je suis venue te murmurer cette vérité : ces cicatrices sont ton histoire d’amour avec la vie.

Ne les cache plus, je t’en conjure. Comme Ieshoua a montré les siennes pour que Thomas croie, montre les tiennes pour que d’autres trouvent l’espérance. Car qui sait ? Ta cicatrice, celle dont tu as tant honte, pourrait bien être la lumière qui guidera une autre personne perdue dans sa nuit.  Comme le Christ a fait de ses plaies des preuves d’amour victorieux, tes cicatrices racontent maintenant une histoire que seule ta vie pouvait écrire.

Comme j’aime à penser que nos blessures une fois pansées deviennent des fenêtres par où entre la grâce !

Dieu n’a pas effacé tes plaies. Il les a ointes.
Pour que tu sois, dans ce monde blessé, un témoin qui ne parle pas de guérison… mais qui en est la preuve vivante.

J’ai une question à présent pour toi : que fais- tu de tes cicatrices ?

Qu’elles soient : Physiques (opérations, accidents)/ Emotionnelles (trahisons, deuils) / Spirituelles (regrets, échecs)…

Dieu ne te demande pas de les nier / ni de t’en glorifier

Mais de : Les reconnaître (Oui, j’ai mal ici) / Leur donner un sens (Cette blessure m’a appris)/  Les offrir car qui mieux que toi peut tendre la main à celui qui saigne encore, c’est dans tes propres fractures que la compassion a pris chair et je le crois tu ne guéris pas de loin, mais en montrant tes mains percées (dans la bonté et l’amour manifesté).

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