Parfois, sur le chemin, on s’arrête. On regarde en arrière et une question murmure : « Pourquoi avoir mis tant de temps ? Pourquoi avoir loupé ceci, ou cela ? » C’est une question qui peut nous frôler, nous qui marchons avec Christ, quand nous réalisons avec gratitude combien sa main nous a guidés, parfois de façon si évidente.
Je me souviens de ces moments où, rétrospectivement, je voyais clairement : Il était là. Et pourtant, sur le moment, je n’avais pas forcément compris. J’avais marché à côté, j’avais douté, j’avais regardé ailleurs.
Hier, en regardant un film, une réplique m’a saisie. Elle parlait de la patience infinie de l’Amour, qui se présente encore et encore, sans se lasser. Et soudain, une grande légèreté m’a envahie. Alléluia !
La légèreté de comprendre que je n’étais pas « à la traîne ». J’étais simplement sur le chemin que le Bon Berger (Jean 10:11) parcourt avec persévérance, son regard aimant déjà posé sur sa brebis bien-aimée, bien avant qu’elle ne sache se tourner vers Lui. Sa voix, je l’ai entendue maintes et maintes fois avant que mon cœur ne reconnaisse enfin Celui qui appelait. C’est là tout le mystère de la grâce qui prévient : Dieu, dans sa douceur infinie, prépare le terrain, laboure le cœur, sème avec une générosité qui défie notre compte (Marc 4:3-20). Il respecte le temps de la germination, ce temps caché où la semence travaille en secret, jusqu’à ce que le terrain soit prêt à recevoir et à porter du fruit.
L’Écriture est pleine de cette patience active. Dieu n’est pas lent à tenir sa promesse, comme certains le pensent ; il use au contraire de patience envers nous (2 Pierre 3:9). Cette patience n’est pas de l’indifférence, mais l’expression même de sa volonté que personne ne périsse. Le prophète Jérémie a été envoyé pendant 23 années pour parler à un peuple qui n’écoutait pas (Jérémie 25:3). Le Père de la parabole attendait chaque jour le retour de son fils (Luc 15:20). Cette répétition tendre, c’est la cadence même de l’Amour divin.
C’est peut-être ça, la grâce qui nous entoure : une fidélité qui ne se décourage pas.
Peut-être que toi qui lis ces lignes, tu te reconnais. Tu es peut-être celle ou celui qui se dit : « Ma relation avec Dieu me suffit comme ça, je ne cherche pas plus » ou : « Je me sens athée, je n’arrive pas à y croire » ou « Je suis agnostique, et je n’ai pas besoin de cela pour vivre »etc.
Le chemin vers le cœur du Père est une histoire personnelle, intime avec Lui. Il connaît nos bagages, nos protections, nos craintes, nos doutes si légitimes. Et surtout, Il ne force jamais la porte. Il frappe. Et parfois, il frappe sous une forme que nous ne reconnaissons pas encore.
Une chanson qui nous revient. Un texte qui tombe sous nos yeux. Une main tendue dans l’épreuve. Une conversation inattendue. Une beauté dans la nature qui nous coupe le souffle. Une paix soudaine au milieu du chaos. Beaucoup d’occasions manquées ? L’important n’est pas de compter les occasions, mais de se laisser saisir par la persévérance de Celui qui nous a aimés le premier (1 Jean 4:19). La foi vient de ce qu’on entend, et ce qu’on entend vient de la parole de Christ (Romains 10:17).
Alors si aujourd’hui tu ne sens rien de particulier, si cela te semble flou ou lointain, permets-toi d’être simplement où tu en es. Tu es en chemin. Un jour, peut-être, un de ces « cailloux blancs » brillera d’une lumière si douce que ton cœur (2 Corinthiens 4:4-6) qu’il s’ouvrira naturellement, sans pression, comme une fleur qui décide enfin qu’il est temps. En vérité, simplement parce que tu seras prêt·e à accueillir ce qui t’attendait, en fait, depuis toujours.
La route est belle. Marche-la à ton pas.