Nous vivons dans des boîtes.
Pierre Rabhi, le paysan-philosophe, aimait le rappeler avec une parabole simple et percutante : dès la naissance, nous héritons d’une première boîte — le berceau. Puis viennent la boîte de la maison, celle de l’école, du métro, du bureau, des boîtes de nuit pour se distraire, de la voiture qui est notre boîte à se déplacer … et enfin, la dernière, le cercueil. Une vie entière cloisonnée, conditionnée, organisée en cases. Une vie de « mort-vivant », si nous n’en prenons pas conscience.
Et si la naissance d’en haut consistait justement à sortir de ces boîtes et ce paradigme mortel, pour entrer dans la vie en abondance et libre de ces enfermements ?
Non pour n’avoir plus aucune boîte, mais pour ne plus s’y identifier. L’apôtre Paul écrit : « Si quelqu’un est en Christ, il est une création nouvelle. L’ancien est passé ; voici : cela est devenu neuf ! » (2 Corinthiens 5:17). Une nouveauté de vie qui dépasse tous les cadres préétablis.
Jésus lui-même bouscule les cases : religieuses, sociales, morales. Et que dire de l’Esprit qui souffle où il veut, d’une vie éternelle qui commence maintenant, hors des limites de la mort. Ce n’est pas une nouvelle boîte, c’est l’invitation à respirer en Dieu, l’Illimité.
Or, je vous le dis, le paradoxe est bien là.
Souvent, après avoir goûté à cette liberté, nous nous empressons… de fabriquer de nouvelles boîtes. Pour nous, pour les autres, pour Dieu lui-même. Nous voulons comprendre, catégoriser, sécuriser. Nous avons notre Père et nous cherchons à rester dans les repères, nous avons l’Expérience vivante et nous cherchons à nous rassurer par des rites sans souffle. Nous avons la tentation de mettre Dieu dans une boîte alors qu’Il est, par essence, la Réalité insaisissable.
C’est à ce moment là que le chat de Schrödinger m’a fait un clin d’œil. En physique quantique, ce fameux chat est à la fois mort et vivant tant qu’on n’ouvre pas la boîte. L’observation fixe la réalité. Une métaphore troublante de notre rapport au spirituel : voudrions-nous que Dieu soit soit ceci, soit cela ? Que sa présence dépende de notre observation ? Le mystère de Dieu échappe à cette expérience. Il est à la fois totalement présent et totalement libre, indéfinissable. Avant même que nous « ouvrions la boîte » de notre prière ou de notre analyse, Il est déjà là, au-delà des états superposés de nos compréhensions.
Alors, je vous le demande, que faire de nos boîtes ?
Les reconnaître. Les utiliser quand elles servent — un cadre peut protéger, structurer, initier. Mais ne jamais les sacraliser. S’émerveiller devant Celui qui les traverse sans briser les âmes.
Dieu ne se met pas en boîte. Il habite le temps, l’espace, nos vies, mais sans en être prisonnier. Peut-être que la vraie vie spirituelle commence quand nous cessons de construire des murs autour de l’Infini, pour nous asseoir, simplement, dans la confiance et l’étonnement.
« Car mes pensées ne sont pas vos pensées, et vos chemins ne sont pas mes chemins » (Ésaïe 55:8).
Et c’est une si bonne nouvelle.
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